Des plans ferroviaires sur la comète

Le Parti socialiste veut des trains rapides pour concurrencer l’avion et lance une offensive pour développer le réseau ferroviaire européen. Il met la pression sur sa propre conseillère fédérale, en charge du dossier depuis de nombreuses années. D’abord, la réaction positive que provoque cette annonce : on n’est plus dans la philosophie « interdire / taxer », mais on veut développer un produit, le rail. Mais rapidement, au fil de la lecture du projet, une réaction sceptique prend le dessus : on nage en plein rêve avec des délais absolument irréalisables. En effet, de retour sur terre, confrontons-nous à la réalité, dont voici quelques exemples parlants : D’abord, la ligne TGV Rhin - Rhône, (140 km à 18 millions de francs le km en 2010 pour la première étape), a mis 20 ans entre l'inscription dans le réseau TGV et la mise en service. Ensuite, le train de nuit Zurich – Amsterdam, récemment mis en service, est confronté à de nombreux problèmes qui pénalisent son exploitation. Ainsi, des voitures couchettes louées à la DB manquent, le train devant circuler "en composition réduite" et les passagers sont avisés au dernier moment qu'ils ne pourront pas voyager. (Tiens, cela ne vous rappelle-t-il pas un autre moyen de transport que le PS veut justement remplacer par le train ?) Ajoutons que les CFF ne possèdent pas le matériel roulant requis ni les subventions nécessaires pour leur exploitation. Passons aux destinations des trains de jour mentionnées par Roger Nordmann : elles ne sont pas atteignables en moins de 6 heures, et donc pas concurrentielles par rapport à l'avion. Quant à un réseau de 15 lignes de train de nuit au départ de la Suisse, il permettrait de remplacer à peine 2% des vols (la capacité et la fréquence de ces trains étant très réduites). Pour véritablement concurrencer l'avion en Europe, il faudra créer un réseau ferré à grande vitesse maillé d'environ 20'000 km. Mais une ligne TGV coûte entre 20 et 35 millions de francs au km et les procédures sont longues. En conclusion, cela fait beaucoup de bruit politique pour le train et contre l'avion pour un résultat écologique insignifiant et un coût exorbitant pour la réalisation d’infrastructures au sol. Car, faut-il le rappeler, l'avion n'a pas besoin de ces infrastructures coûteuses entre son point de départ et d’arrivée. En termes de temps de déplacement, le train n'est pas concurrentiel sur des distances de plus de 500 km, sauf pour les lignes à grande vitesse. Ainsi, l’expérience l’a déjà démontré : le développement du ferroviaire est complexe et de facto lent. On sait que le rail a ses limites et qu’au-delà même de 4h de trajet, l’avion reste une alternative séduisante pour beaucoup de voyageurs, que l’on parle de vacanciers ou de voyageurs d’affaires. L’échec de la ligne Thalys reliant Genève à Bruxelles ou de celle de Lyria entre Genève et Lille ne sont que deux parmi les nombreux exemples de projets finalement abandonnés. Et alors que l’appareil du PS fait de grandes déclarations contre l’inaction de sa propre ministre des transports, et contre l’aérien, l’autre ministre socialiste se fait intercepter aux commandes de son avion, qu’il pilotait au-dessus d’un espace interdit… Bon été et bons vols à tous, y compris à tous les membres du PS ! Philippe MEYER (1) Philippe Meyer - YouTube

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