flygglädje

Et si on parlait aussi du « flygglädje » (plaisir de voler en Suédois) ? Depuis 1978, l’année lors de laquelle Jimmy Carter libéralisait les droits de trafic et les tarifs aux Etats-Unis, le transport aérien a vécu sur le modèle de la croissance. Celle-ci était soutenue par une formidable avancée dans la construction aéronautique avec, entre autres, l’arrivée des gros porteurs, et par une nouvelle manière de multiplier les destinations en créant le concept de hub. Ajoutée à cela l’arrivée massive des compagnies à bas coûts sur le segment court/moyen-courrier et toutes les composantes pour soutenir la croissance de ce secteur d’activité étaient réunies. Les résultats ont été incroyables. En 1979, les compagnies aériennes transportaient 500 millions de passagers ; en 2019 plus de 4,5 milliards. Le transport aérien s’est démocratisé, est devenu accessible à tous sous l’effet de la baisse continue du prix des billets, de plus de 50% pendant ces 40 ans. Bien entendu, cette croissance a eu un effet sur les émissions de CO² et le transport aérien est devenu la cible facile des écologistes, même si sa part globale de cette pollution est en réalité minime, à 2,5% (source : GIEC). C’est infiniment inférieur au textile ou même au stockage des données digitalisées. Cette pollution a d’ailleurs été drastiquement diminuée par les avancées technologiques des constructeurs aéronautiques. Malheureusement, la communication continuelle, souvent de mauvaise foi et presque toujours basée sur des chiffres totalement imaginaires, des milieux écologistes et comptant sur l’appui de riverains d’aéroports, a fini par porter ses effets auprès non seulement du public, mais également des responsables politiques. C’est ainsi que la loi CO2 sur laquelle nous votons en juin a été « agrémentée » de nouvelles taxes allant de Frs. 30 à 3'000.- par passager. Il ne faut pas s’y tromper, dans un futur proche, ce secteur sera impitoyablement taxé car il est une cible facile et que les systèmes d’encaissement sont performants. Et à ce rythme, les taxes risquent d’être très élevées. Après tout, pourquoi pas si les prélèvements servent à la recherche pour diminuer encore l’impact écologique du transport aérien ? Mais cela ne correspond malheureusement pas du tout à ce qui est prévu, on s’achemine plutôt vers une utilisation des sommes engrangées au profit d’autres modes de transport, quand ce n’est pas pour remplir directement les caisses des Etats. Il s’agit donc ni plus ni moins de nouveaux impôts ciblant principalement la classe moyenne et les PME exportatrices qui apprécieront particulièrement ces mesures, elles qui subissent de plein fouet la récession actuelle. Autant dire qu’on marche sur la tête. Nos politiciens oublient parfois que le transport aérien, par sa politique agressive de baisse des prix durant ces 40 dernières années, a permis au plus grand nombre de se déplacer, pour échanges professionnels, mais aussi et plus largement pour renforcer les liens familiaux et développer le tourisme, facteur de croissance et de prospérité pour nombre de pays. Alors à quoi jouent nos politiques ? Leur action va conduire inéluctablement au renchérissement considérable des billets d’avion. Et qui va en subir les plus désastreuses conséquences ? Les ménages à revenu modeste, les classes moyennes inférieures : ceux qui sont déjà les plus défavorisés, ceux qui économisent toute une année pour que les membres de leurs familles puissent se retrouver ou encore ceux qui ont rêvé toute leur vie d’un voyage qu’ils ne pourront plus se payer. A bien analyser cette pression écologique, cela conduit à une société à deux vitesses, déstabilisant la cohésion sociale. Est-ce cela que veulent ceux qui ont lancé le mouvement « flygskam » ? En voulant protéger la planète, ces mesures extrêmes vont simplement priver les plus pauvres d’un droit élémentaire : la liberté de se déplacer. Une autre approche est pourtant possible : compatible avec le « flygglädje » et même davantage prometteuse pour l’environnement. En défendant notre industrie aéronautique, nos jeunes en formation, nos aéroports, nos opérateurs aériens et tous les acteurs du secteur aéronautique... En démentant les chiffres fallacieux et en combattant les idéologies pour donner du sens à ce secteur qui travaille pour être vertueux et qui dispose de richesses intellectuelles denses et fertiles pour construire un paysage aéronautique qui réponde vraiment aux nécessités environnementales de demain. Alors, travaillons donc tous ensemble, dans un esprit « flygglädje » ! Philippe MEYER philippe.meyer@premiairclassetv.com www.youtube.com/premiairclassetv

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