Le modèle gagnant sera celui des compagnies à bas coûts

Ryanair et Easyjet sont respectivement désormais les deux principales compagnies aériennes en Europe. Au regard de la flexibilité des modèles et la santé financière de ces entreprises vis-à-vis de leurs concurrents et les difficultés de consolidation en Europe, je suis convaincu que le modèle gagnant sera à cinq ans – et sans régulation contraignante – celui des compagnies à bas coûts. Ces compagnies à bas coûts ont créé des bases et des lignes, sur les marchés européen et méditerranéen. Cette dynamique va perdurer, d’autant plus que le long-courrier est dans une situation complexe. Les compagnies à bas coûts européennes ont historiquement grandi grâce à une clientèle loisirs en quête de prix bas. La pérennité d’un tel modèle est aujourd’hui remise en cause, pour plusieurs raisons : le prix du carburant, qui représente 30 à 40% des coûts variables des compagnies à bas coûts, mais aussi le changement structurel de comportement des voyageurs. Désormais, Easyjet, Ryanair, Vueling ou Wizz s’orientent vers une clientèle affaires en utilisant la densité de leur réseau et une nouvelle offre qui permet un voyage dans la journée. Easyjet Plus donne accès à un embarquement prioritaire et à un coupe-file au contrôle de sécurité dans plus de 35 grands aéroports. Volotea est un autre exemple. Son programme d’avantages MegaVolotea va évoluer vers un modèle de Frequent Flyer, très adapté à la clientèle Affaires. Autre point fort des compagnies à bas coûts, la facilitation du self-connecting qui leur a permis d’augmenter leur offre et de capter plus de passagers. Il existe plusieurs initiatives en la matière, comme la vente de billets connectant les vols Ryanair à ceux de partenaires (Aer Lingus, Norwegian) pour du moyen-courrier. Dans le même esprit, ont été lancés l’outil Worldwide by EasyJet en 2017 en partenariat avec Gatwick, dans plus de 30 aéroports, ainsi que des centres de correspondance intercontinentaux par Vueling à El Prat (2011) et Fiumicino (2014). Dans ce contexte, à quoi ressemblera le trafic aérien en Europe dans les prochaines années ? Il pourrait suivre 2 tendances : celle de l’Allemagne qui a peu de trains et donc davantage de compagnies à bas coûts en domestique et moins en moyen-courrier et celle de l’Italie qui a un marché acquis aux compagnies à bas coûts. De manière générale, en Europe, les compagnies à bas coûts sont déjà très bien installées (environ 40% du marché pour Ryanair et Easyjet). La croissance de leurs parts de marché se fera au détriment d’acteurs historiques (Lufthansa, British Airways, Air France) sur les liaisons existantes et avec l’ouverture de nouvelles lignes peu congestionnées. Ceux qui prédisaient la fin prochaine des compagnies à bas coûts se sont donc lourdement trompés. La pandémie provoque même la tendance inverse, avec un fort renforcement de ces acteurs peu endettés et pas touchés par les fermetures de frontières intercontinentales. Philippe Meyer Philippe Meyer - YouTube

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