Le tourisme, source de tous les maux?

 


Le tourisme est souvent présenté comme source de problèmes. Rarement comme apporteur de solutions. Qu’en est-il réellement ?

Certains activistes écologistes souhaiteraient purement et simplement voir disparaitre le tourisme, d’autant qu’il exclut une partie de la population, la moins fortunée.

L’immense majorité des Suisses veulent toujours voyager, mais nombre d’entre eux pas n’importe où et surtout pas n’importe comment. Sur ces questions, la nuance s’impose.

Passons vite sur le voyage source de rapprochement des peuples, ainsi que sur l’enrichissement personnel qu’il apporte aux voyageurs, réel dans bien des cas mais très relatif quand on séjourne dans un club de vacances, même situé dans une destination exotique.

Parlons d’abord des pays de destination. Le tourisme compte pour 10% du PIB mondial, pour 17% de celui du Portugal, 20% de ceux de la Thaïlande et de la Grèce, 37% de ceux des Canaries et du Cap Vert, 53% de celui des Maldives et 60% de celui de Sainte-Lucie…

Il génère un cinquième des emplois (directs et indirects) de la planète. Pour les populations de nombreux pays, il est bien souvent source de dignité humaine, leur permet de nourrir leur famille, de s’élever socialement.

Certains pays jouent parfaitement la carte du tourisme vert. Et personne ne s’étonne plus aujourd’hui des succès touristiques du Costa Rica et de l’Islande. Ces pays le prouvent : un modèle vertueux tire tout le monde vers le haut.

L’autre point important est le mix énergétique du pays de destination. Comment ce dernier produit-il l’énergie que les voyageurs consommeront sur place ? Ainsi, le Costa Rica est le plus vertueux car très en avance sur les énergies de transition, quand l’Afrique du Sud est pointée du doigt pour ses centrales au fuel et au charbon. Pour la plupart des pays, il est vrai que le nucléaire est trop cher. Et l’éolien comme le solaire rencontrent aussi des oppositions.

La plupart des touristes visitent les mêmes endroits, et ce bien souvent en même temps faute d’étalement des périodes de vacances. L’une des solutions, sur ces lieux très visités, est dès lors de gérer les flux, notamment par le biais des réservations au préalable. C’est aussi dans l’intérêt du tourisme de protéger l’environnement.

Quant à l’avion, il compte pour 2,5% de l’empreinte carbone au niveau mondial, moins toutefois moins que le digital (6%) et le textile (8%). Et le transport aérien est engagé dans un fort mouvement de décarbonation. Les compagnies aériennes soulignent à juste titre leurs efforts pour moderniser leurs flottes. Les avions récents sont plus légers et consomment jusqu’à 25% de kérosène en moins que les avions de la précédente génération. L’écopilotage permet aussi un gain moyen de 3% de consommation de carburant, et donc des émissions de CO. Et des nouvelles solutions technologiques ne cessent chaque jour de modifier les prévisions en matière de décarbonation.

Airbus prévoit de lancer ses premiers appareils à hydrogène pour 2035. Les petits avions électriques sont déjà une réalité. Le SAF (Sustainable Air Fuel) devrait, lui, compter pour 80% de la réduction du bilan carbone de l’aviation civile en 2050. Pour produire en masse ce biofuel, il faut créer des filières pour les résidus agricoles et sylvicoles, pour les algues, la biomasse, l’huile de cuisson usagée, le carbone recyclable, les carburants de synthèse (produits à base d’hydrogène vert et de capture de CO2) …

Le trafic aérien devrait continuer à croitre fortement dans les prochaines années, porté notamment par les croissances des pays du Sud où les populations accèdent à des niveaux de vie plus élevés et aspirent à voyager.

Mais les passagers des avions sont loin de tous voyager pour leurs loisirs. Un tiers d’entre eux sont des passagers visitant leurs familles.

On le voit, le secteur du voyage continuera à croître, principalement par le fait de nouvelles classes moyennes dans les pays en développement qui veulent, eux aussi, découvrir le monde. Heureusement, les progrès technologiques sont fulgurants et apportent la solution à l’équation.

 

Philippe Meyer
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