Le « greenwashing » des gouvernements européens

Lors de la 41e assemblée de l’OACI en octobre 2022, les gouvernements s'étaient accordés sur l’objectif de zéro émissions du secteur aéronautique d’ici à 2050. Cet accord engage désormais les gouvernements à proposer des solutions pour atteindre cet objectif.

Mais au lieu de cela, plusieurs États européens envisagent de taxer le kérozène au mépris des engagements pris, au mépris des règles internationales.

L’argument selon lequel l’aviation internationale n’est pas taxée ne tient pas. Les compagnies aériennes ont payé plus de 380 milliards de dollars en taxes et redevances ces 5 dernières années, ce qui a renchéri de plus de 33 % le prix du billet. Il est important que les décideurs politiques s’appuient sur des faits et non sur des fictions. Ainsi, les taxes vertes ne sont rien moins que du greenwashing de la part des pouvoirs publics.

Le carburant d’aviation durable représente l’une des solutions les plus prometteuses à moyen terme. Mais la production de SAF ne représente aujourd’hui que 0,1% de ce qui serait nécessaire pour atteindre l’objectif zéro émission.

La tendance est toutefois positive et encourageante: en 2022, la production de SAF a triplé pour atteindre 300 millions de litres. Bien que les détracteurs du transport aérien considèrent que ce chiffre n’est pas pertinent, il est important de se rappeler que les compagnies aériennes ont utilisé chaque goutte produite, ce qui leur a coûté près de 350 millions de dollars. Avec des politiques de soutien appropriées, atteindre 30 milliards de litres d’ici à 2030 est un défi réalisable. Cela représenterait environ 6 % des 450 milliards de litres de capacité de production annuelle dont l'industrie du transport aérien aura besoin en 2050.

Malheureusement, les responsables politiques n’ont pas tenu leur promesse faite lors de la COP 26 de cesser de financer les combustibles fossiles. Nous n’avons pas assisté à une réorientation majeure des subventions accordées aux combustibles fossiles vers les énergies vertes – en tout cas pas pour les SAF.

L’engagement ferme des compagnies aériennes vers l’objectif de 2050 doit être accompagné par les pouvoirs publics et l’industrie. Pour atteindre l’objectif zéro émission, il est nécessaire de développer des incitations à la production et des filières de production plus diversifiées.

Dommage de perdre du temps à vilipender un secteur qui a déjà fait davantage que beaucoup d'autres dans sa route vers la décarbonation.

Philippe Meyer
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