Les attentes contradictoires de la population envers le transport aérien

 


L’attitude envers le transport aérien de la population est différente selon l’état d’avancement économique des pays. Les occidentaux ont un long passé dans le transport aérien et ils sont moins émerveillés par les possibilités de ce mode de transport, ce qui n’est pas le cas du reste du monde, venu un peu plus tard à cette activité.

Moins de pollution sonore et visuelle, moins de production de CO2, mais un accès facile au transport aérien avec des prix de plus en plus bas, tout en demandant aux compagnies aériennes d'offrir un bon service et aux constructeurs de produire des appareils silencieux, le tout dans une gestion de l’espace aérien fluide. Comment, face à ce qu’il faut bien appeler des exigences légèrement contradictoires, arriver à trouver les bons compromis, car c’est bien cela dont il s’agit.

C’est la tâche du politique et il faut bien reconnaître qu’elle n’est pas facile. Elle est d’autant plus compliquée que les ministres des transports sont également en charge de la mobilité ferroviaire. Or, en Europe, le train est faussement devenu dans la tête du grand publique le concurrent direct du transport aérien court-courrier. Sauf que dans les pays européens qui ont investi dans les infrastructures ferroviaires à grande vitesse, ces investissements colossaux consentis pour relier des grandes métropoles se sont faits au détriment des petites agglomérations qui ont été délaissées par ce mode de transport. Il ne reste plus alors aux usagers que l’utilisation de leur voiture ce qui vient en contradiction avec la recherche de la décarbonation.

Alors la tentation est grande de donner satisfaction à celui qui crie le plus fort, ou qui est capable de peser sur les élections. Pour le moment c’est le lobby écologiste qui l’emporte avec des supports financiers dont on aimerait bien connaître les sources. Les gouvernements en tirent pour conséquence qu’ils doivent montrer leur empathie envers les populations victimes du transport aérien: les riverains des aéroports, qui sont les plus virulents, cela est d’autant plus étrange qu’une grande partie est employée dans les métiers liés au transport aérien et qu’ils se sont installés en parfaite connaissance de cause dans les zones proches des plateformes aéroportuaires. Mais ce n’est pas parce qu’ils sont mal placés pour se plaindre que le politique ne doit pas prendre en compte leurs doléances. C’est ainsi que les grands aéroports européens sont progressivement conduits à limiter le nombre de mouvements, voire à fermer leurs installations pendant la nuit. Et pour faire bonne mesure, afin de donner satisfaction aux injonctions écologistes, on limite même parfois, très artificiellement, il faut le dire, les vols court-courriers.

Mais pendant ce temps-là, les usagers réclament plus de fréquences et de dessertes afin de trouver à tout moment le vol dont ils ont besoin.

Au fond, le transport aérien est victime de son succès. Il s’est progressivement ouvert à de nouvelles couches de population et ces dernières veulent continuer à en profiter. Petit à petit la demande de vols courts va se transformer en vols long-courrier.

Au fond on comprend bien la difficile position équilibriste que le politique doit en permanence tenir. Par contre il n’est pas acceptable de faire payer un secteur d’activité, le transport aérien, au profit d'un autre secteur d'activité, le train, alors qu’il aura besoin de mobiliser toutes ses énergies et ses ressources financières pour atteindre la neutralité carbone.

A bon entendeur, bons vols à tous!

Philippe Meyer
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