On décolle à la verticale !

 



Ce qui n’était que de la science-fiction au début des années 2000 est en passe de devenir réalité. Il semble bien que le concept des eVTOLs est proche d’une mise en opération. Tout comme pour l’automobile au début du XXème siècle, de nombreux constructeurs tentent l’aventure avec des résultats plus ou moins heureux. Très probablement, les techniques vont s’affiner, la propulsion électrique devenir mature et les capacités d’emport se développer un peu comme les hélicoptères classiques. De nouveaux constructeurs apparaissent tels que Volocopter en Allemagne, Archer en Californie ou Vertical Aerospace en Grande Bretagne, pour n’en citer que quelques-uns. Sans surprise, Airbus et Boeing leur ont emboité le pas, suivis par de grands constructeurs de voitures comme Hyundai ou même Stellantis.

Les premières commandes sont tombées. Elles proviennent, et ce n’est pas une surprise, des deux plus grands transporteurs aériens américains. American Airlines a commandé 50 appareils à Vertical Aerospace et United, 200 à Archer qui, pour les produire, s’est associée à Stellandis. Sans grand risque, on peut pronostiquer que la fabrication de ces véhicules va s’automatiser, et que, par conséquent, le coût va baisser amenant ainsi le prix du transport à un niveau proche de celui des taxis.

Sauf que tous les obstacles ne sont pas encore franchis. Le premier essai en Europe était attendu à Paris à l’occasion des Jeux Olympiques de 2024. Une barge sur la Seine devait accueillir les vols en provenance de l’aéroport Roissy-CDG, mais les populations riveraines ne l’entendent pas de cette oreille et, pour le moment, le projet a du plomb dans l’aile. En fait, la grande difficulté ne viendra pas de la fiabilité des appareils car les premiers seront bien évidemment pilotés par des professionnels, ni même de la capacité d’emport dont on peut envisager rapidement qu’elle monte à 4 ou 5 passagers (soit l’équivalent de la plupart des hélicoptères civils), mais de la gestion de l’espace aérien tout au moins dans les grandes agglomérations, là où les premières utilisations sont envisagées.

Dans ces conditions, le développement des eVOTOLs sera très problématique dans les villes européennes et asiatiques dont la densité d’occupation et les architectures des constructions permettent difficilement de trouver des points de posée. Ce n’est pas le cas des grandes villes américaines, voire sud-américaines. Dans les agglomérations de ce continent les eVTOLs pourront montrer rapidement leur utilité et des sociétés telles qu’Uber ont déjà vu le parti qu’elles pourraient en tirer.

Alors, on peut imaginer que des centaines, voire des milliers, de ces machines volantes, relativement silencieuses, vont envahir les espaces aériens urbains. Mais alors qui va pouvoir contrôler cet espace, comment va-t-il cohabiter avec celui réservé aux avions, quel va être le rôle dévolu aux contrôleurs de la navigation aérienne si prompts à se mettre en grève chaque fois qu’un léger changement dans leurs habitudes leur est demandé ?

Paradoxalement, la solution pourrait venir de la gestion totalement informatisée des vols, c’est-à-dire sans l’intervention du contrôle aérien. D’ores et déjà des sociétés telles Thalès sont capables de faire voler des avions sans pilote, sauf que cette solution n’est pour le moment pas acceptable par les passagers. Mais qui dit qu’elle ne le serait pas pour des machines privées ? Après tout, Tesla en Californie, associée à Google, fait bien des essais en condition réelle pour des voitures automatiques, est-ce que ce serait plus difficile avec des eVTOLs ?

Il faudra s’habituer à voir voler ces nouveaux engins dont on peut imaginer qu’ils seront de plus en plus performants, comme cela s’est d’ailleurs passé pour les voitures. Donc bienvenue aux eVTOLs. Ils ne peuvent qu’amener une nouvelle prospérité peu polluante, à la condition qu’ils soient bien utilisés.

Philippe MEYER
(1) Philippe Meyer - YouTube

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